La danse du destin

Sarajevo, 12 ans après

Mesko et Elma

Ecoutez le témoignage

Beaucoup d’histoires tournent autour d’Elma, de Minela et des autres filles qui, toute jeunes, suivaient des cours de gymnastique de Mesko, leur professeur.

Au fil des années la passion pour le sport – toujours qu’elle ait existé au paravent – s’est évanouie. Les filles ont grandi…

Mesko (à Elma) : Tu vois, après 12 ans puisque je t’ai beaucoup grondé, aujourd’hui je t’offre un bouquet de fleurs

Elma – J’accepte tes excuses Je me demande pourquoi nous avons arrêté de nous voir…

Minela : je pense qu’avec la reprise de l’école nous avions beaucoup de travail. L’entraînement n’avait pas trop sens, nous n’étions pas très motivés. Par contre nous avions passé de bons moments tous ensemble, cela était utile.

Je me suis promise que mon enfant, un jour, fera pareil.

Elma : Le poids psychologique de la guerre était grand.

Les bombes tombaient et nous allions nous entraîner quand même.

Des entraînements difficiles, 3 heures tout de même… Je buvais un demi-litre d’eau après… Personne ne nous accompagnait pour les entraînements. Rappelle-toi de Melissa elle devrait rentrer toute seule sur la colline. Il n’y avait pas de compétition à l’époque.

Mesko : Mais bien sûr que si, une petite équipe est allée à Zenica, à Touzla. Il y avait même une fille qui est partie à Portugal.

Elle a été longtemps applaudie. J’ai encore sa photo et les unes des journaux. Elle avait un jogging trop grand pour elle.

Je suis quand même heureux que personne n’ait été blessé pendant les voyages ou les entraînements.

Je me rappelle d’une bombe qui est tombée tout près et qui a emporté une famille entière. On s’est enfui pour se mettre à l’ abri.

Elma : Moi aussi, je me souviens…

Mesko : Tu te rappelles quand on a attendu trois jours pour notre voyage en Turquie car ils avaient fermé les aéroports.

Le prénom de mes meilleurs gymnastes commence toujours par I. Ildja…

Elma : Alors nous ne sommes pas dans ta liste…

Mesko : C’est une période dont je me souviens souvent et qui me réchauffe le coeur. Vous n’ avez pas eu des très bons résultats comparé à celles qui sont venues après vous. On a même eu la championne de Slovénie…

Elma : No !?

Mesko : Il faut préciser qu’en Italie, sur seize équipes, les Slovènes se sont classées seizièmes. Ca s’est bien passé mais je vous dis que j’ai préféré travailler avec vous. Les rapports n’étaient pas seulement professionnels mais aussi émotionnels. Vous ne vous rappelez pas de toutes nos balades à Trebevic?

Quand le temps le permettait, nous nous entraînions dans le parc.

Je pense que ces moments restent gravés dans mon cœur.

Je me rappelle de la compétition…Minela est sortie pour se chauffer… Mais qu’ont elle a vu la russe champion du monde…Elle demandait les autographes .Nous somme arrivé au premier entraînement … «Minela on va s’entraîner?» Elle m’a répondu après avoir regardé les autres qu’ elle préférait aller se promener…

Minela : Qu’est se que tu veut qu’on fasse. Je ne me suis pas entraîné depuis un mois

 Mesko : Mais quand nous sommes arrivé à Zagreb tous le monde regardé

Minela. Elle était bien.Les gens ne comprenaient pas comment nous faisions pour aller faire les compétitions à l’étranger.

Medisa a percé sont ampoule avant l’exercice. Elma a eu la diarrhée en Italie. Elle n’ a pas arrêté d’aller aux toilettes entre une épreuve et l’autre à cause d’ une Coca Cola… elle a faillie chier dans sa culotte… J’ai eu peur que ça gicle en faisant les sauts! C’ était un spectacle!

Elma : J’ ai la chair de poule quand je vois les gymnastes à la télé ou ailleurs…

Mesko : J’étais touché quand il m’a ramené les photos dans la salle, cela m’a fait penser à beaucoup de choses et je me rappelle de vous comme des enfants et devant moi je retrouve de jolies femmes.

Elma : Femmes? Tu exagères je viens d’avoir mon bac et je vais m’inscrire à l’ université. Quand je suis entrée dans la salle, tout me paraissait petit.

Le balcon n’existait pas avant. Est-ce qu’il était là avant?

Mesko : Bien sûr qu’il était là!

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