La danse du destin

Sarajevo, 12 ans après

Jasmine dans le refuge, pendant le siège

Ecoutez le témoignage

Jasmine, âgée de huit ou neuf ans, était dans un bunker de Cengik Vila pendant le printemps 1994: elle attendait la fin de bombardements. Aujourd’hui plus de traces de bunker dans ce quartier mais une gardienne de l’école a reconnu la fillette. Aujourd’hui elle a un caractère fort et ambitieux: elle parle couramment anglais, elle a travaillé pour des organisations internationales, elle s’est engagée sur des programmes d’assistance aux enfants traumatisés par la guerre. Jasmin s’est forgé un sacré caractère, très critique envers les jeunes de sa génération qui, selon elle, n’osent pas prendre des initiatives et cherchent la «dolce vita»…

« A Sarajevo, une majorité de jeunes a pris l’habitude de se plaindre de la situation: pas de travail donc pas de moyen mais tout ce qu’il font c’est de rester assis aux terrasses de café en attendant passivement que quelque chose change.

On trouvera une solution à cette situation seulement quand les jeunes commenceront à s’activer et à se réaliser dans quelque chose qu’ils aiment sans attendre les changements de l’extérieur et des autres.

En politique, c’est la même attitude: on s’intéresse peu ou pas du tout aux personnes qui nous dirigent donc on ne peut pas choisir ceux qui représentent le mieux nos idées et nos idéaux; en revanche on est toujours en train de se plaindre des vieux dinosaures que nous avons nous-mêmes élus. Les choses ne vont pas changer tout de suite. Les enfants de la guerre sont en train de grandir aujourd’hui et cherchent à avoir toujours plus et plus vite et sont loin d’être indépendants, même psychologiquement, de leur famille. Cela este un gros problème psychologique.

Ces jeunes cherchent du respect mais ils ne font rien pour mériter cela. Ils ne travaillent pas, ne terminent pas leurs études; ils se promènent toute la journée dans la ville, comme perdus.Une génération de paumés on dirait!

Ils doivent faire quelque chose pour mériter ce respect, cette dignité. Mon père, n’a jamais cessé de travailler pendant la guerre, malgré qu’il ait été blessé, s’est battu pour apporter à la maison de quoi survivre. Lui a obtenu notre respect et le respect de tout le monde qui le connaît. .

Pour ce qui est de mon avenir, j’ai pleins de projets: d’abord terminer mes étudies puis me trouver une maison pour moi-même et réaliser mon indépendance. Je ne veux pas me marier trop tôt; je veux d’abord me faire une situation, devenir quelqu’un mais tout en étant entourée de ma famille et de mes amis. »

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